[Communiqué de presse] La chasse : un enjeu majeur de l’élection présidentielle
L’accident mortel survenu ce week-end rappelle de manière dramatique la question de la sécurisation de la chasse et du partage des espaces. Pratiqué par seulement 1,5% des citoyens, ce loisir aux effets délétères pour les animaux sauvages et la sécurité de la population est dénoncé par plus de la moitié des Français. Cette question est un enjeu de l’élection présidentielle sur laquelle les candidat(e)s doivent s’engager. Les 29 ONG rassemblées pour la campagne Engagement Animaux 2022 demandent ainsi l’interdiction de la chasse au moins 2 jours par semaine (dont le dimanche). Si la plupart des candidat(e)s à la présidentielle tardent à se positionner, les Français quant à eux ont déjà tranché : 83% sont favorables à cette mesure.
D’après un sondage pour Animal Cross publié le 26 janvier 2022, plus de 3 Français sur 10 déclarent avoir déjà rencontré (eux ou leurs proches) des situations d’insécurité liées à la chasse dont 41% de ceux habitant en zones rurales. La question de la sécurisation de la chasse est une préoccupation incontournable. Elle fait actuellement l’objet d’une mission de contrôle au Sénat, à la suite d’une pétition signée par 122 000 personnes.
Tout au long des derniers mois, se sont succédé les faits divers de chasseurs ou non chasseurs tués ou blessés lors d’activités de chasse ou encore d’incidents dans des zones habitées, en violation de la réglementation. Au cours des 20 dernières années, les chasseurs ont provoqué 3.325 accidents, dont 421 mortels selon les chiffres de l’Office français de la biodiversité.
Au-delà des questions de sécurité, certaines pratiques de chasse et de piégeage ne peuvent en aucun cas répondre aux attentes des Français pour l’amélioration de la condition animale. Par exemple, la chasse à courre, la chasse en enclos ou encore la vénerie sous terre, sources de souffrances extrêmes pour les animaux, sont particulièrement cruelles et barbares. 86% des Français sont contre la chasse à courre, 83% pour l’interdiction de la chasse en enclos et 84% pour l’interdiction de la vénerie sous terre (sondages Ifop/FBB 2021 et Ipsos/One Voice 2021).
La chasse participe aussi à la perte de biodiversité alors que la planète connaît actuellement la sixième extinction de masse. Ainsi, la liste des espèces chassables en France comprend 91 espèces dont au moins un tiers (putois, lièvre, tourterelle des bois, grand tétras, alouette des champs, barge à queue noire, …) est en déclin ou est classé en mauvais état de conservation sur la liste rouge des espèces menacées dressée par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN). La perte de biodiversité est pour l’instant absente des débats de la campagne présidentielle alors que comme le rappelle Ulrika Modéer du Programme des Nations unies pour le développement, “la biodiversité est un véritable filet de sécurité pour l’humanité : elle nous protège du pire effet des changements climatiques tout en sauvegardant notre santé, notre bien-être et nos économies”.
La chasse fait débat dans notre société, un débat vif et passionné, mais qu’il convient de ne pas réduire à une caricature. Remettre en cause la chasse ne signifie pas s’opposer à la ruralité et aux traditions. D’ailleurs 55% des ruraux se déclarent défavorables à la chasse (et seulement 21% favorables) selon un sondage Ifop/FNC 2021. Cela signifie vouloir se sentir en sécurité à la campagne, à domicile ou lors de promenades, refuser la souffrance animale et s’opposer à la perte de biodiversité.
Pour ces raisons, les 29 ONG rassemblées pour la campagne Engagement Animaux 2022 appellent les candidats à l’élection présidentielle à s’engager sur trois propositions concrètes concernant la chasse :
- Interdire la chasse au moins deux jours par semaine dont le dimanche, ainsi que les jours fériés et les vacances scolaires.
- Supprimer la liste des espèces dites « nuisibles » et retirer de la liste des espèces chassables celles dont les populations sont en déclin ou menacées.
- Interdire les pratiques de chasse et de piégeage cruelles et barbares à l’encontre des animaux sauvages (chasses traditionnelles, chasse à courre, la vénerie sous terre, chasse à l’arc, chasse en enclos, pièges tuants, mutilants et non sélectifs).